Observatoire des programmes scolaires
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27
oct
François Hollande a conclu, dimanche 26 octobre, le 25ème congrès de la Fédération Léo Lagrange. Cette fédération ne se contente pas de former des animateurs jeunesse, de gérer des centres de loisir et de proposer des activités périscolaires, elle constitue également le bras armé du parti Socialiste au sein de l’Education populaire. Cette association, dite complémentaire de l’école et habilitée à ce titre à travailler au sein des établissements scolaires, affiche ostensiblement, dans sa déclaration de principe, être « attachée au Socialisme, au sens le plus élevé et ouvert du terme. »
François Hollande ne s’y est d’ailleurs pas trompé en saluant les militants de la Fédération Léo Lagrange qui ont su montrer que « l’engagement n’est pas incompatible avec la loyauté et la fidélité, (…), loyauté auprès d’un gouvernement et d’un président que vous avez toujours soutenu ».
Il est vrai que cette fédération, dont le budget avoisine les 150 millions d’euros, est présidée par un proche de François Hollande, un de ceux qui l’ont aidé à gagner la primaire socialiste et à obtenir ainsi l’investiture du PS pour la présidentielle. C’est, en effet, Bruno Le Roux, par ailleurs Président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, qui préside, depuis 14 ans, aux destinés des « Léos ». Ce mélange des genres est totalement assumé par François Hollande qui a félicité Bruno Le Roux pour sa réélection à la tête de Léo Lagrange, ajoutant : « c’est le seul cumul que j’autorise, Président de Léo Lagrange et Président du groupe PS à l’Assemblée ».
Et pourtant, à l’heure où les diverses commissions de déontologie scrutent les fonctions des parlementaires à la recherche de possibles conflits d’intérêts, comment ne pas voir celui existant entre les fonctions de président du groupe parlementaire de la majorité et de président d’une association dépendant de subventions et de commandes publiques. Il est vrai que « plus c’est gros, plus ça passe ! »
Dans son intervention, François Hollande a salué le rôle de la fédération Léo Lagrange sans laquelle la mise en oeuvre de la réforme des rythmes scolaires n’aurait pas été possible. Il est vrai que Bruno Le Roux, grâce à ses deux casquettes à l’Assemblée et au sein de l’Education populaire, fut l’une des chevilles ouvrières de cette réforme ; mais comment ne pas s’interroger sur un possible conflit d’intérêt ?
En effet, cette réforme coûte extrêmement cher aux collectivités locales et aux contribuables, mais peut rapporter beaucoup aux associations capables d’organiser à grande échelle des activités périscolaires, comme la fédération Léo Lagrange. Environ 800 millions d’euros sont sur la table pour financer ces activités.
Pour être sûr de pouvoir se tailler la part du lion dans cette enveloppe budgétaire, la fédération Léo Lagrange fait pression pour que soit créé un label pour les « associations de qualité » Sic ! capables d’assurer l’organisation des activités périscolaires dans le cadre de la réforme des rythmes scolaires. Un moyen à peine voilé de faire en sorte que les collectivités locales privilégient ces associations.
François Hollande a profité de son discours devant le congrès de la Fédération Léo Lagrange pour satisfaire à la demande de leur président et annoncer la création d’un tel label. Mais qui rédigera le cahier des charges de ce label ? Le groupe socialiste à l’Assemblée nationale présidé par Bruno Le Roux ? Ou le député Yves Blein à qui le Premier ministre a confié une mission parlementaire sur les mesures à prendre par ordonnance pour la simplification en faveur des associations ? De toutes façons, Yves Blein est lui aussi membre de Léo Lagrange, dont il est le vice-président.
Un bien petit monde, où mélange de genres, conflits d’intérêts et instrumentalisation politique de l’école, ne semble poser de problèmes à personne.
Publié par
le lundi 27 octobre 2014